Voyage à Lashio

Début mars, j’ai (David) eu l’occasion d’aller à Lashio, la plus grande ville au nord de l’Etat de Shan. C’est une ville particulière, car étant proche de la frontière chinoise, elle joue un rôle important dans le commerce et le transit des marchandises entre la Chine et le Myanmar. D’ailleurs, sur la route pour aller à Lashio, les camions se suivent les uns derrière les autres direction frontière. « Tu vois ces vaches dans le camion, elles sont pour la Chine. Ils raffolent de cette viande… », me dit mon collègue birman.

Durant le trajet, je découvre des paysages montagneux, des routes sinueuses. Je me sens dans mon élément, moi qui aime la montagne. Toutefois, l’horizon est brumeux, accompagnée d’une forte odeur de fumée. Cela vient des feux qui sont déclenchés un peu partout pour «nettoyer » les terrains. « Eh oui, c’est la saison », me dit-on. Sur la route, j’observe depuis la fenêtre des personnes qui essaient d’éloigner un feu qui s’approche dangereusement de leur maison en bambou. J’avoue que le sens de cette « saison » des feux m’échappe complètement !

A Lashio, je rencontre avec intérêt un autre expatrié qui a créé sa propre entreprise, une agence qui propose des excursions touristiques dans le but de soutenir des communautés isolées de la région. Il a d’ailleurs déjà reçu un prix de meilleure agence d’aventure du Myanmar. Si vous pensez venir un jour découvrir le Myanmar et que vous aimiez l’aventure, n’hésitez pas à aller faire un tour sur leur site myanmaradventureoutfitters.com.

Etant dans ce processus de pouvoir démarrer notre propre entreprise dans l’orthopédie avec mon collègue de Taunggyi, je suis super reconnaissant d’avoir la possibilité de discuter avec le fondateur de l’agence et d’échanger sur les différents défis liés au lancement d’une entreprise.

C’est aussi l’occasion, par le biais de son agence, de faire une excursion dans un village palaung, un groupe ethnique minoritaire de l’Etat de Shan, installé sur une montagne. Départ en moto, que nous laissons dans un village au pied de la montagne, puis nous continuons à pied avec notre guide local qui nous ouvre le chemin. Un autre guide surprise s’invite à notre expédition, un chien que nous baptisons « Yellow » (= jaune) à cause de la couleur de sa fourrure. Un chien particulier, qui dès notre arrivée au village pour déposer les motos, est tout de suite venu vers nous à la recherche de câlins d’une façon qu’il était impossible de refuser, même avec une personne comme moi qui ne suis pas très « chien » à la base.

Je suis tout heureux de pouvoir marcher sur ce chemin pédestre qui monte dans la forêt en direction du village palaung. Etre au grand air, traverser de petits ruisseaux, découvrir ces paysages me donne une joie toute particulière. Je souris en voyant Yellow, qui tout excité, fait des aller-retour vers nous en sprint sur le chemin escarpé. Je constate que je serais bien incapable d’exprimer ma joie à sa façon ! Apparemment, lui aussi est content de se dégourdir les jambes !

Quelques heures plus tard, nous sortons de la forêt et découvrons un magnifique village palaung situé sur le sommet de la colline. Les maisons sont construites en bambou et je constate que le village est très propre. Pas de déchets, ni même d’excréments d’animal traînant sur les chemins alors que certains ont des vaches et des porcs. On me dit que c’est parce qu’il y a un monastère dans le village, alors les gens font attention. Nous sommes soudain l’attraction, les gens nous dévisagent, nous sourient.

Nous passons la nuit chez l’habitant. Nous sommes accueillis par des personnes d’un certain âge. Impossible de pratiquer mon birman, car ils parlent le… palaung, une des nombreuses langues du pays.

D’ailleurs pour la petite anecdote, savez-vous combien de langues compte le Myanmar ? Vrai paradis pour les linguistes, le pays compte plus de 100 langues différentes !

Lors de la soirée, notre guide sort son ukulélé, une sorte de miniguitare, et commence à jouer et chanter. Tout de suite, cela devient l’attraction de la maison, les voisins viennent et s’assoient pour l’écouter. Je vois des visages ridés tout sourire, captivés par le moment. Ils découvrent cet instrument, le regardent, l’essaient, rigolent, puis nous nous joignons à nouveau au guide pour chanter un autre chant. Je suis touché de voir cette joie dans les yeux de mes nouveaux amis. Quel cadeau de pouvoir s’émerveiller devant des choses si simples de la vie ! Un exemple pour moi et une simplicité qui est inspirante.

Le lendemain, après une petite nuit, nous découvrons le village au lever du soleil avec ses magnifiques couleurs. Les gens s’activent, l’un fait sortir sa vache de son enclos, sûrement celle qui a dû essayer de fuguer durant la nuit car au milieu de la nuit, nous avons entendu pas mal de grabuges avec des bruits de cloches et cris de berger. D’autres vont au ruisseau pour chercher de l’eau. Reconnaissants des moments passés avec nos hôtes, nous repartons sur le chemin du retour avec notre guide spécial Yellow, toujours heureux de nous ouvrir le chemin.

Pendant la journée, nous découvrons encore des cascades et la terminons, remplis de beaux souvenirs. Prêt à reprendre la moto, je vois Yellow affalé de tout son long sur le porche de la maison, dormir comme une marmotte. Je me dis : ah, quand même, il n’est pas un superchien ! Je souris et ne peux m’empêcher de penser à mon lit qui m’attend et me réjouis de pouvoir l’imiter !

Les jours suivants me permettent de découvrir d’autres minorités ethniques comme les Wa, les Lisu et d’entrapercevoir encore plus la diversité du pays. Au travers de ces expériences et diverses discussions, j’apprends à mieux connaître l’Etat de Shan, le plus grand Etat du Myanmar, dans lequel nous habitons.

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