Histoire de pneu

Après avoir passé une sympathique soirée chez nos amis suisses qui vivent presque en plaine, on remonte sur notre montagne à Taunggyi à moto. Il est un peu moins de 20h.
En plein col, le pneu arrière de notre moto tombe à plat. Pas de bol! On s’arrête au bord de la route, il fait déjà bien nuit, et je vois mon rêve d’être rapidement à la maison s’envoler!

Nous n’avons pas de photos de nuits, mais quelques photos du « col »:

Appeler un ami est toujours une bonne option dans ce genre de cas, je m’y applique et 20 minutes après, notre ami suisse arrive à la rescousse avec une pompe à air. Malheureusement, la pompe se rebelle et refuse de fonctionner. “Pourtant, elle allait nickel cette après-midi!” me lance l’ami.

N’ayant plus de jokers, après un dernier coup de téléphone à un copain mécano, on reprend la route. Le pneu à plat, Aline me talonne, non en courant, mais à l’arrière de la moto de notre ami qui me suit au pas d’escargot. On arrive dans la ville de Taunggyi avec l’espoir de trouver un magasin ouvert. Mais tout est fermé, pas de travail de nuit, à l’image de la pompe à air de notre ami!

En revanche, les stands de nourriture fleurissent le long du trottoir avec des tables basses et chaises en plastique pour accueillir les clients. On s’arrête. On demande à un stand qui semble vendre de la nourriture indienne s’ils connaissent un endroit pour nous dépanner. Après une brève discussion entre eux, une famille sur le départ nous invite à les suivre. On reprend donc la route en cortège avec à l’avant une motocross, peut-être homologuée 5 places, avec le mari au guidon, les deux enfants et la maman à l’arrière.

Même s’ils ont l’air sympa, je me demande si c’est vraiment une bonne idée de les suivre. On commence à s’enfiler dans de petites rues inconnues, ce qui ne fait que renforcer mon envie de faire demi-tour. Soudain, notre guide s’arrête et rentre dans une cour d’un réparateur de motos et revient quelques minutes après. Bon, ce n’est peut-être pas un traquenard! Il s’adresse en birman à une bonne cadence et je hoche la tête, comme si rien ne m’échappait! Je résume: le magasin est fermé, et je n’ai pas besoin d’être un expert en birman pour le saisir. Tout est éteint et les gens dorment!

On continue à se faufiler à travers de petites ruelles bien raides, – « piste rouge » pour les amateurs de ski –, pour finalement arriver à leur maison. J’ai à nouveau mon esprit en alerte, j’ai une petite hésitation lorsqu’ils nous invitent à venir à l’intérieur! Bon, j’ai la clé de la moto avec moi, me dis-je. J’obéis avec un sourire.

Nous (Aline, notre ami suisse et moi-même) montons à l’étage de la maison. Notre hôte sort des cannettes de coca du frigo et nous invite à patienter pendant qu’il répare lui-même la chambre à air.

Sa femme arrive avec les enfants, et on commence à discuter. Maintenant que nous sommes entre de bonnes mains, notre ami suisse rentre chez lui.

Je me détends et me sens un peu gêné par leur accueil si chaleureux à une heure où les enfants devraient sûrement dormir! D’ailleurs, le salon fait aussi office de chambre à coucher pour toute la famille. Une chose tout à fait normale ici, où le lieu de vie se résume souvent à 1 ou 2 pièces avec, généralement, toute la famille qui dort dans la même pièce. Les toilettes sont à l’extérieur, séparées de la maison, et la cuisine au feu de bois est souvent une annexe rajoutée à la maison.

La maman nous parle en birman comme si on était du pays, pas intimidée du tout par notre statut d’étrangers. Elle nous sort toutes ses photos encadrées pour nous montrer sa famille, son mariage. On a l’impression d’être chez des amis.

Pas cette famille, mais une autre famille que nous avons rencontrée, avec typiquement tout le monde sur la moto.

Finalement, le mari nous signale avoir réparé la roue de la moto. Je demande combien je lui dois, mais il refuse toute somme d’argent. On ne peut que leur dire merci.

On repart, et en conduisant, je suis reconnaissant pour cette rencontre impromptue et les discussions partagées. Tout à coup, je reviens “sur terre” en constatant que le pneu est à nouveau à plat! Avec un sourire, je ne peux m’empêcher de penser à l’expression “On en a pour son argent.” Petit topo: il reste 10 minutes jusqu’à la maison, la rue est déserte à l’exception de quelques meutes de chiens. Aline se porte, malgré tout, volontaire pour marcher pendant que moi je file à la maison chercher une autre moto.

22h30, on franchit le seuil de notre chez nous. Les 30 minutes de trajet usuel se sont transformées en une aventure d’une soirée. Oui, je ne suis pas un très grand fan des imprévus et encore moins des crevaisons. Pourtant, c’est souvent dans ces circonstances non planifiées que l’on expérimente des aventures et rencontres parfaites! Ah, les paradoxes de la vie!

Arrivée à la maison de nuit avec la lune qui se lève, magnifique!

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